L’illusion de l’oubli
L’abus est comme le serpent. Il est larvé, semble dormir, calmé par le soleil, réchauffé par le sol, tranquillisé par le calme…et puis on s’approche un peu trop de lui et là il bondit, imprévisible, la douleur de sa morsure te brûle les veines et te fige le sang. Son poison que tu croyais avoir dilué pendant toutes ces années a toujours autant de puissance, il fait toujours aussi mal.
Les cellules de ton corps gardent tout en mémoire, ton corps sensé être un temple sacré, un temple dans lequel ne devraient régner que la lumière et la douceur, un temple qui a été forcé, d’une manière ou d’une autre, par abus de pouvoir, d’autorité, par puissance physique ou psychique et parfois même par amour ou désir mal transformés.
Quand le sol d’une pièce est souillé, plein d’excréments et de sang, de boue et de sueur, l’odeur est insoutenable, l’ambiance suffocante, invivable, alors tu as fermé la porte à double tour, calfeutré les fenêtres, et jeté la clef loin, très loin, pour surtout ne plus jamais avoir à y pénétrer de nouveau, parce que ça pue, parce que tu as envie de vomir rien qu’en y pensant, parce que tu te dégoutes.
Bien sûr, tu as la haine, bien sûr tu es en colère, et tu rêves de massacrer ton bourreau… parfois le balancer peut te soulager… pour combien de temps ?
La nécessité de se rencontrer différemment
Et si tu décidais de revisiter cette pièce, de nettoyer son sol avec de l’eau propre, pure, d’ouvrir ses fenêtres pour y laisser rentrer la lumière, la douceur et l’amour ?
Que tu le veuilles ou non, ton corps a besoin d’être réparé, et si tu le mets de côté trop longtemps, il te le fera savoir.
T’autoriser à vire un massage tantrique, c’est t’autoriser à rencontrer un toucher respectueux, un toucher qui n’est pas là pour prendre, mais pour donner. T’autoriser à recevoir en sécurité.
Parfois la libération se fait lors d’un passage sur un endroit de ton corps complètement improbable, parfois c’est l’ensemble qui te réconcilie avec toi même… ah, au fait, tant que j’y pense…intégrer la sphère génitale est parfois utile et se pose comme une évidence, mais ce n’est ni une obligation ni une fin en soi, alors évite de trop écouter celles et ceux qui parlent d’une pratique qu’ils n’ont jamais expérimentée. Je pourrai te parler du gout de la chenille quand j’en aurai mangé.
Ton temple sacré est l’expression du vivant, il détient des trésors que tu ne soupçonnes même pas. Tu es la seule personne qui a le pouvoir d’aller les récupérer.
Gaël